 Titre :
DES ALLIÉS LES ANGLAIS !?
|
|
|
Juillet 1940. Depuis un angle mort, tapis bien à l'abri d'un éperon rocheux, les canons de marine britanniques déchirent soudain le calme du port de Mers el-Kébir. Les cuirassés français, parmi lesquels le célèbre Dunkerque et le Provence, se retrouvent pris sous un feu nourri. Le Dunkerque est sévèrement touché mais parvient à s’échapper, tandis que le cuirassé Bretagne explose, emportant avec lui une grande partie de son équipage. Quatre sous-marins français, profitant du chaos, réussissent à s’éclipser discrètement dans les eaux profondes. Tandis que certains navires font face courageusement à la Royal Navy, d’autres succombent sous la puissance de feu britannique. Parmi les quelque 1300 victimes, beaucoup sont Bretons. Leur sacrifice reste gravé dans la mémoire de leur pays natal et celui de la Royale. Le soir même, l'amiral écossais Somerville, aux ancêtres Normands, écrit sa honte à son épouse.
Durant la guerre, Churchill multipliera les attaques contre le gouvernement de Pétain.
Outre Mers-el-Kébir, cette politique se manifeste lors du débarquement à Dakar en septembre 1940 où de Gaulle tente vainement de rallier les militaires fidèles à Pétain, ce qui affaiblit son prestige, puis lors de l’opération Exporter en Syrie et au Liban en 1941, où là Britanniques et forces de la France libre affrontent les troupes vichystes. Ces interventions visent à neutraliser toute menace venant de forces françaises susceptibles de collaborer avec l’ennemi, garantissant ainsi la sécurité stratégique des Alliés.
Dans le même temps, alors qu'il combattait donc Pétain, Churchill n'a eu de cesse de rabaisser de Gaulle.
Churchill voit en De Gaulle un leader nationaliste, peu docile et difficile à contrôler. Il freine sa montée en puissance politique, préférant parfois négocier avec des figures plus modérées ou même avec certains représentants de Vichy... qu'il combat ! La méfiance britannique à l’égard de la France libre reflète une volonté de préserver la suprématie anglo-américaine dans la conduite de la guerre et dans l’ordre d’après-guerre.
Bref, l’ambiguïté des relations anglo-françaises pendant la Seconde Guerre mondiale se résume à ce paradoxe :
Les armes britanniques attaquaient les forces vichystes, alliées objectives de l’Allemagne,
Tandis que la diplomatie britannique limitait l’influence de la France libre, incarnée par De Gaulle, par crainte d’une France renaissante trop indépendante.
Ce double jeu révèle la complexité stratégique et politique des Alliés, loin du mythe d’une fraternité sans faille.
Quand de Gaulle parlait de Mers el-Kébir, il évoquait un « coup de hache qui a fait couler du sang français » qui n'avait pas facilité le ralliement de militaires français à la cause des Forces françaises libres. Si l'on revient au discours du 8 juillet 1940, le général avait qualifié l'attaque sur Mers el-Kébir « d'odieuse tragédie », mais admis que cet acte était compréhensible de la part des Britanniques. De Gaulle n'avait pas été mis au courant de l'initiative britannique et en concluait qu'elle était le résultat d'un affolement du gouvernement britannique à l'échelon le plus élevé, ce que Winston Churchill lui confirma.
Après la guerre, Churchill jugera que l'attaque de Mers el-Kébir avait été l'une des plus graves erreurs du Royaume-Uni pendant le conflit et le fruit d'un terrible malentendu entre les deux pays.
|
| |
News en cours de lecture ]
