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Non, la généalogie n'est pas ridicule
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| La généalogie, une science sérieuse face au mépris
Récemment, sur C à vous, fut diffusé une interview du généalogiste Jean-Louis Beaucarnot, établissant des cousinages entre le pape Léon XIV et des figures comme Camus, Edouard Philippe, Catherine Deneuve. Et tandis qu'il parlait, on voyait en incrustation une invitée hocher la tête sur le plateau, lever les yeux au ciel. Puis Pierre Lescure, qui nous avait habitué à plus de hauteur d'esprit, qualifia ces propos de « ridicules ». Du coup, pourquoi est-on allé interroger Beaucarnot ? Pour se foutre de sa gueule ? Il est pourtant dans ce domaine un spécialiste incontesté, auteur de nombreux ouvrages comme "Ainsi vivaient nos ancêtres".
Ce dédain choque. La généalogie, loin d’être futile, est une science rigoureuse, fondée sur des archives et des recherches méticuleuses. L'exercice auquel s'est livré Beaucarnot révèle une vérité banale : en remontant nos arbres généalogiques, nous partageons tous des ancêtres communs. À dix générations, nous avons 1 024 aïeux ; à vingt, plus d’un million. Tenez, on m'a trouvé des ancêtres communs avec Bourvil, Annie Duperey ou encore une Prix Nobel de littérature comme Annie Ernaux. J'ai accueilli cela avec autant d'amusement que de distance. Et puis j'ai vérifié. C'est vrai. Et alors !... Alors, il n'y a rien de plus normal.
Qualifier la généalogie de ridicule est un mépris qui reflète une méconnaissance de cette science. La généalogie n’est pas une quête de gloire, mais une leçon d’humilité. Découvrir des cousinages éloignés, « à la mode de Bretagne » ou de Normandie, comme vous voudrez, ne nourrit pas la vanité : cela rappelle que nos racines s’entrecroisent à l’infini. Dans trois siècles, si jamais nos descendants explorent leur lignée, ils remonteront jusqu’à nous sans se connaître. Tout comme le Pape et l'actrice ignorent leur ascendance commune. C’est ainsi. Mais ils descendront bien de nous. Un point c'est tout. Et au-delà des générations de noms qu'ils saisiront dans leur logiciel, ils découvriront toute l'épopée humaine.
Car la généalogie est un miroir de l’histoire. Ce soir, en abordant l’esclavage, l’émission de France 2 a montré que des figures comme Robert Surcouf, "héros national", fut négrier et avant lui ses parents. Leurs descendants reconnaissent volontiers cet héritage, confirmant la complexité du passé. Un jour, je me suis fait pourtant insulter par un Internaute après avoir rappelé sur un réseau social l'activité première de notre fameux corsaire.
On a vu aussi ce soir sur France 2 combien les descendants d'esclaves recherchaient leurs racines. La réalisatrice a même établi une filiation entre Joe et Star et Joséphine de Beauharnais. Lescure va-t-il qualifier aussi ces rapprochements de ridicules ? Là, il s'en gardera bien. Alors pourquoi moquer cette discipline. Le travail des généalogistes est sérieux, universel, il nous inscrit dans une continuité humaine. La généalogie n’appartient pas aux élites : elle est à tous, dans les registres, les récits, l’ADN. C’est l’histoire de nos liens. Elle mérite le respect.
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