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Titre : Pour une Histoire sans propagande
En ces temps de fractures géopolitiques profondes, où les conflits contemporains réactivent les récits du passé, il devient impératif de traiter l’Histoire non comme une arme mais comme un terrain de lucidité. La Seconde Guerre mondiale, matrice du monde contemporain, fait l’objet de relectures croisées, chacune tentant de (re)légitimer des positions politiques actuelles. Pourtant, entre glorification excessive et procès à charge, il est temps de faire place à une mémoire sobre, fondée sur la complexité des faits.

Il est historiquement indéniable que l’Union soviétique a porté une part immense du coût humain et militaire de la guerre contre le IIIe Reich. La bataille de Stalingrad fut un tournant décisif ; les pertes soviétiques sont estimées à plus de 20 millions de morts. Mais reconnaître ce sacrifice ne doit pas conduire à occulter les zones d’ombre : le pacte germano-soviétique de 1939, qui permit le dépeçage de la Pologne, fut une forme de complicité initiale avec l’Allemagne nazie. Ce fait, souvent relativisé dans certains récits, mérite d’être pleinement assumé.

Mai le rôle de l’URSS ne peut être réduit à cette alliance tactique de circonstance.
Staline signa ce pacte dans un contexte où les puissances occidentales, notamment le Royaume-Uni et la France, avaient refusé d’unir leurs forces à Moscou contre Hitler. Après l’agression allemande de juin 1941, l’Union soviétique fut le cœur du front de l’Est. La Wehrmacht y fut brisée, à Kouban, Koursk, puis jusqu’à Berlin. Oublier cela, ou le minimiser, c’est réécrire l’histoire dans l’autre sens, au nom d’un tropisme occidental.

Les États-Unis ne furent pas des parangons de pureté morale.Des entreprises américaines comme Ford, IBM ou Coca-Cola ont maintenu, jusqu’en 1941, des liens économiques avec l’Allemagne nazie. Les États-Unis ont reconnu le régime de Vichy. Après le débarquement en Afrique du Nord, ils ont traité avec des personnalités compromises, favorisé Giraud contre De Gaulle, et envisagé pour la France une forme de tutelle accompagnée d’une monnaie d’occupation (le fameux « billet jaune » imprimé par l’AMGOT).

Mais cela ne disqualifie pas leur rôle dans la libération de l’Europe. Les débarquements de Normandie et de Provence, l’effort industriel colossal du programme Lend-Lease, les pertes alliées à Monte Cassino ou dans le bocage normand furent déterminants. Le soutien à De Gaulle finit par s’imposer, précisément parce que la Résistance intérieure et extérieure, comprenant des Communistes, des Gaullistes avait donné à la France une légitimité indiscutable.

La Russie d’aujourd’hui n’est pas l’Union soviétique. Les tentatives actuelles du pouvoir russe de s’arroger le monopole de la victoire de 1945, en évacuant le rôle des Ukrainiens, des Biélorusses, des Baltes ou même des Polonais dans l’Armée rouge, sont des relectures téléologiques. Faire de la "Grande Guerre patriotique" un récit national russe unique, c’est instrumentaliser l’héritage d’un empire multiethnique.

Instrumentaliser à rebours le pacte de 1939 pour nier tout rôle libérateur à l’URSS relève aussi de la propagande. La guerre froide a longtemps servi cette lecture, où les Soviétiques passaient de complices des Nazis à nouvelles menaces pour le monde libre. Cela a pu occulter des réalités concrètes, comme le soutien soviétique aux mouvements antifascistes ou la libération réelle de certains territoires du joug nazi, fût-ce au prix d’une nouvelle domination.

L’histoire n’est pas un tribunal, c’est un champ de responsabilité. Instrumentaliser l’Histoire pour justifier des positions actuelles, qu’elles soient russes, américaines, françaises ou autres, revient à trahir la complexité du réel. Il est possible — et même nécessaire — de tenir ensemble les contradictions : oui, l’URSS a pactisé avec Hitler, et oui, elle a écrasé la machine de guerre nazie ; oui, les États-Unis ont hésité face à Vichy, et oui, on peut soutenir qu'ils ont sauvé l’Europe occidentale d’un nouveau totalitarisme.

Plutôt que de diviser la mémoire, faisons de cette lucidité partagée un levier pour éviter que la guerre, une fois encore, ne prenne l’Histoire en otage.

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