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Pacte ou alliance germano-soviétique ?
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| Ce soir, sur BFM, une journaliste affirme que Nazis et Soviétiques étaient alliés au début de la guerre, "un fait que l'on passe sous silence". Et de revoir à la baisse le nombre réel de Russes morts face aux Allemands, chiffre qui de toute façon reste considérable dans sa fourchette. Enfin, notre amie indique que le front de l'Est et sa victoire sur le nazisme n'est pas le fait de la seule Russie mais de la fédération qui existait alors. Insister sur ces trois points finit par trahir un postulat : celui de relativiser le rôle de la Russie au moment où Poutine s'apprête à célébrer l'anniversaire de ces événements. Bref, sommes-nous devant une instrumentalisation de l'histoire dans la droite ligne de la guerre froide et ravivée par le conflit Russo-ukrainien. Il est plutôt raisonnable de conclure que les opinions sont divergentes et nuancées à l'égard du pacte germano-soviétique. Tandis que certains historiens soulignent l’absence d’une véritable alliance politique ou militaire (en raison des objectifs contradictoires des régimes), d’autres voient dans la période de coopération une alliance de fait, même si elle n’a pas duré longtemps et n’a pas été fondée sur des bases idéologiques communes.
La question de savoir si ce pacte était une "alliance" dépend largement du cadre d’analyse choisi (stratégique, idéologique, diplomatique) et de la manière dont on évalue les relations internationales complexes de l’époque. Signé le 23 août 1939, cet accord n'était pas un traité d'alliance entre les deux régimes totalitaires. Il s'agissait principalement d'un pacte de non-agression.
Ses principaux termes étaient les suivants :
Non-agression : Les deux pays s'engageaient à ne pas s'attaquer mutuellement.
Neutralité : Si l'un des signataires était attaqué par une tierce puissance, l'autre resterait neutre.
Un protocole secret accompagnait le pacte, divisant l'Europe de l'Est en sphères d'influence :
L'Union soviétique se voyait attribuer une influence sur la Finlande, l'Estonie, la Lettonie et la Bessarabie.
L'Allemagne obtenait une sphère d'influence sur la Lituanie et une partie de la Pologne.
L'objectif principal pour l'Allemagne était de sécuriser son flanc est avant d'envahir la Pologne, ce qui déclencha la Seconde Guerre mondiale. Pour l'Union soviétique, le pacte lui offrait du temps pour se préparer à un éventuel conflit avec l'Allemagne et lui permettait d'étendre son territoire en créant une zone tampon.
Bien que ce pacte ait permis une coopération temporaire et un partage territorial entre les deux régimes, il ne constituait pas une alliance idéologique ou militaire à long terme. Leurs idéologies (nazisme et communisme) restaient fondamentalement opposées, et le pacte fut rompu par l'Allemagne lors de l'invasion de l'Union soviétique en juin 1941.
Par ailleurs, la journaliste aura omis de préciser que de grandes entreprises américaines, telles que Ford, auront collaboré avec les Nazis durant la même période. Les trois points mentionnés par la journaliste sont historiquement fondés, mais leur sélection et leur mise en avant dans le contexte actuel trahissent probablement un agenda politique : relativiser le rôle de la Russie dans la victoire de 1945 pour affaiblir la propagande de Poutine à l’approche du 9 mai. Cela s’inscrit dans une guerre des récits exacerbée par le conflit russo-ukrainien, où l’histoire est instrumentalisée des deux côtés. Cependant, il est crucial de distinguer les faits historiques des interprétations contemporaines pour éviter de tomber dans une nouvelle forme de révisionnisme, qu’elle soit pro-russe ou anti-russe. Une approche équilibrée reconnaîtrait à la fois l’immense sacrifice de l’URSS, les complexités du pacte de 1939, et les contributions multiples des républiques soviétiques, sans céder aux simplifications dictées par les enjeux géopolitiques actuels.
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