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Vous avez-dit "Tchallenge", quel challenge...
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| Il est frappant de constater combien le mot challenge est aujourd’hui utilisé dans les médias, en entreprise ou dans le sport, avec une prononciation systématiquement anglo-saxonne : “[tchallèndj]”. Et pourtant, ce mot — que beaucoup croient anglais — est en réalité un ancien mot français, chalenge, exporté vers l’anglais au Moyen Âge avant de nous revenir, des siècles plus tard, avec une allure anglicisée.
Ce phénomène soulève une question essentielle : comment intégrer les mots étrangers dans le français sans rompre l’équilibre de notre langue ? Car adopter un mot, ce n’est pas le transplanter tel quel : c’est l’assimiler, le faire nôtre. La langue française, forte de son histoire, a toujours su intégrer des emprunts en les adaptant à sa propre logique. C’est ainsi que l’on dit match (et non matches), tennisman (et non tennismen), ou encore week-end, prononcé à la française.
Dire “[tchallèndj]” au milieu d’une phrase française revient en réalité à glisser temporairement dans une autre langue, ce qui nuit à la clarté, à la fluidité et, parfois, à la compréhension pour une partie du public. Cela relève aussi d’un réflexe culturel problématique : celui de valoriser systématiquement l’anglais comme référent de modernité, au détriment de la cohérence linguistique.
On gagnerait donc à revendiquer le mot “challenge” comme un mot français, prononcé à la française — [ʃa.lɑ̃ʒ] — et utilisé dans des contextes où d’autres synonymes existent d’ailleurs déjà : défi, enjeu, provocation, épreuve, etc.
Ce choix n’est pas un repli : c’est une manière de respecter la logique du français, d’honorer son histoire, et de faire preuve de fidélité à son esprit d’ouverture — un esprit qui intègre, mais n’imite pas.
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